L’énurésie nocturne se définit par une perte involontaire d’urine durant le sommeil chez un enfant âgé de plus de 5 ans sans anomalie congénitale ou d’atteinte neurologique. On parle d’énurésie nocturne lorsque l’enfant n’est pas réveillé par le besoin d’uriner et se réveille seulement après avoir mouillé son lit. L’énurésie peut être gradée de peu sévère (1 à 2 fuites par semaine) à sévère (pipi au lit tous les jours).
L’énurésie est qualifiée de primaire lorsque l’enfant n’a jamais été propre la nuit plus de 6 mois consécutifs. Elle est secondaire si votre enfants a recommencé à avoir des fuites suite à un changement important dans sa vie (déménagement, divorce, deuil etc).
Tout d’abord, il faut se rappeler qu’il est normal pour un jeune enfant de faire pipi la nuit puisqu’il s’agit de la dernière étape de continence à être acquise. En effet, les enfants deviennent d’abord continents des selles la nuit et le jour, puis des urines le jour.
Habituellement, un enfant commence à être propre la nuit entre 2 ans et demi et 3 ans avec l’aide de ses parents. C’est environ vers 4 ans qu’il sera davantage autonome et arrêtera de mouiller son lit. Attention, il s’agit toutefois d’une moyenne! Chaque enfant se développe à son rythme et il peut donc être considéré normal d’avoir encore des accidents lorsque votre enfant est un peu plus vieux.
L’énurésie est la plupart du temps un retard dans le développement normal de la continence. Dans ces cas, il n’y a pas nécessairement de causes pathologiques et le phénomène se réglera seul avec le temps. En effet, le nombre d’enfants présentant de l’énurésie diminue plus les enfants vieillissent.
On observe toutefois certains facteurs pouvant augmenter les risques d’énurésie tel que l’hérédité, le fait d’être de sexe masculin ou de petit poids. L’énurésie peut également être causée par un désordre de l’hormone antidiurétique (l’hormone qui réduit la production d’urine la nuit) ou des troubles du sommeil. Des facteurs psychologiques peuvent aussi entraîner les pipis au lit.
L’énurésie peut également n’être qu’un symptôme lié à d’autres problématiques au niveau urinaire ou gastro-intestinal. Dans ces cas, l’enfant peut souffrir également d’incontinence urinaire le jour, de troubles urinaires (diminution ou augmentation du nombre de pipi par jour) ou de constipation chronique. Une évaluation est alors nécessaire pour trouver la cause du problème et bien cibler les interventions.
Tout d’abord, il est essentiel de se rappeler que l’énurésie est une perte involontaire d’urine. Ainsi, votre enfant ne contrôle pas son comportement, il n’est donc pas productif de le chicaner ou de donner des punitions. Il est important de dédramatiser la situation.
En plus de ses habitudes, l’utilisation d’une alarme sonore peut être envisagée si l’enfant est en accord. Selon les études, elle serait efficace dans deux tiers des cas durant son utilisation et chez 50% des enfants à long terme. L’efficacité serait augmentée lorsque combinée à un système de récompense et de la physiothérapie périnéale. Le but de l’alarme est de créer un conditionnement qui modifie le contrôle de la vessie durant le sommeil. Lorsque l’enfant a une fuite, il est réveillé par l’alarme et peut donc se retenir le temps de se rendre aux toilettes.
Parfois, de la médication peut également être proposée par le médecin si une déficience de l’hormone antidiurétique est suspectée. Cette médication ne guérit pas l’énurésie mais peut aider à diminuer les épisodes de fuites le temps que la maturation du système urinaire se fasse naturellement chez l’enfant.
Lorsque l’énurésie dure dans le temps et est associée avec d’autres problématiques urinaires ou gastro-intestinales, une consultation en physiothérapie périnéale est pertinente puisque qu’un manque de contrôle de la musculature du plancher pelvien peut être en cause. De plus, la correction des problématiques diurnes (fuites urinaires le jour, régulation de la fréquence mictionnelle, constipation) est la première étape pour avoir un impact sur l’énurésie.
Lors de la première rencontre, la physiothérapeute posera différentes questions sur les habitudes mictionnelles et fécales de l’enfant dans le but de cibler les problématiques à travailler qui pourraient être en lien avec l’énurésie. Elle procédera ensuite à une évaluation de la musculature abdominale et du plancher pelvien externe de l’enfant. Cet examen permettra de détecter un manque de contrôle du plancher pelvien, une faiblesse ou une incapacité de bien relâcher la musculature pour permettre une bonne vidange de l’urine et des selles.
Suite à cet examen, la physiothérapeute pourra faire de l’éducation de façon ciblée pour votre enfant dans le but de corriger les habitudes de miction et défécation le jour. Elle pourra également vous épauler dans l’utilisation d’une alarme ou le sevrage des couches la nuit.
Si une problématique au niveau du plancher pelvien est présente à l’évaluation, la physiothérapeute pourra travailler avec votre enfant pour la corriger. Elle vous proposera différentes options thérapeutiques tels que des exercices de renforcement et/ou de relâchement du plancher pelvien. Avec la clientèle pédiatrique, l’utilisation du biofeedback fait partie des traitements de choix. Il s’agit d’électrodes placées sur le périnée qui permettent à l’enfant de voir l’activité musculaire sur un ordinateur et ainsi apprendre à contrôler les muscles de son plancher pelvien.
Somme toute, bien que l’énurésie nocturne puisse être très incommodante pour l’enfant et ses parents, il est important de se rappeler que dans les cas où l’énurésie est isolée, le problème se réglera avec le temps et l’instauration de bonnes habitudes. En cas de découragement et si la problématique tarde à se corriger, n’hésitez pas à consulter un médecin et une physiothérapeute en rééducation périnéale qui saura vous guider vers l’acquisition de la propreté chez votre enfant!
[:fr]1. Bo K. Evidence-based physical therapy for the pelvic floor: Bridging science and clinical practice. 2015. Chapitre 10, pp 355-365. 2. Notes de cours PHT-6206: Rééducation périnéale chez l’enfant: Évaluation et traitement par Dany-Ève Martin et Geneviève Laflèche physiothérapeutes[:]